Toxicomanie : les habitants du quartier de Stalingrad exigent et méritent du répit
Les habitants du Nord-Est parisien sont plus que jamais exaspérés par la toxicomanie de rue qui gangrène leur quotidien. En ce début mai, la tension est montée d’un cran avec des tirs de mortier en direction de toxicomanes.
Consultez mes lettres au Ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin,
à la Maire de Paris, Anne Hidalgo,
et à la Maire du 7ème arrondissement, Rachida Dati.
Le fléau du crack à Paris est ancien. Loin de se résorber au fil des ans, il s’est considérablement intensifié au cours des douze derniers mois. Le plan Crack, la présence policière accrue et l’engagement renforcé du parquet n’ont jusqu’à présent pas permis d’y faire barrage.
J’ai à plusieurs reprises alerté la mairie et la préfecture d’une situation qui ne cesse de s’aggraver. J’ai médiatisé les nuisances subies par les riverains en accompagnant sur les lieux des journalistes. Surtout, j’ai porté des propositions fortes pour lutter plus efficacement contre la toxicomanie dans le Nord-Est parisien. J’ai proposé et défendu le “Pacte Stalingrad”, dont les principales mesures auraient été l’installation d’un kiosque sécurité et d’un kiosque social, ouverts 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7, dédiés à l’écoute des habitants et à la prise en charge médico-sociale des victimes de toxicomanie.
Mes propositions sont malheureusement restées lettres mortes, et nous devons subir aujourd’hui une tension extrême et palpable dans le quartier de Stalingrad. En fin de semaine dernière, dans la nuit du samedi à dimanche, la nervosité ambiante s’est muée en tirs de mortier visant des personnes toxicomanes installées avenue de Flandre. Derrière ces tirs, ce sont peut-être des citoyens sans histoire et à bout de nerfs. Nous devons prendre toute la mesure de ce cri de désespoir. C’est un appel à l’aide adressé à la République.
En tant que député de Paris, je porte une proposition nouvelle et audacieuse à expérimenter au plus vite. Cette proposition s’articule en deux volets complémentaires. Le premier concerne la Mairie et appelle à une solidarité entre arrondissements. Le second, sécuritaire, s’adresse à la préfecture de Police.
- L’installation d’un centre temporaire d’accueil et d’accompagnement à la réduction de risques pour usagers de drogues (Caarud) dans le 7ème arrondissement de Paris, sur la place des Invalides, non loin de l’Assemblée nationale. Ce nouveau centre serait spécifiquement pensé et dimensionné pour la prise en charge des personnes addictes au crack. Plus qu’un symbole, il s’agit de promouvoir une véritable solidarité entre les quartiers parisiens en souffrance et les plus préservés de la misère humaine. La place des Invalides dispose de nombreux avantages pour l’installation d’un Caarud : c’est l’une des places avec le moins de familles et de commerces aux alentours. C’est un lieu où se concentrent bureaux et administrations. Enfin, elle est particulièrement bien desservie en transports. Elle représente une alternative parfaite à la place Stalingrad.
- Dans les quartiers de Stalingrad, d’Eole et de la porte d’Aubervilliers, mener une politique de contrôles policiers intensifs et systématiques envers toute personne sous influence manifeste de crack sur la voie publique. Cela se justifie par le fait que, comme une personne ivre dans l’espace public, une personne sous influence de crack présente un risque pour elle-même, pour les passants et peut engendrer des perturbations à l’ordre public. Toute personne droguée au moment du contrôle se verrait proposer un transport vers le nouveau Caarud du 7ème arrondissement. En cas de refus, elle serait interpellée et placée en chambre de dégrisement. La politique actuelle, consistant à n’intervenir qu’en cas de flagrant délit, ou encore à ne pas intervenir au profit d’un travail d’enquête de longue haleine, ne présente pas de résultats suffisamment convaincants et doit donc être remise en question.
La stratégie ici proposée inciterait avec fermeté les personnes victimes de toxicomanie à fréquenter un ou plusieurs Caarud et, avec le temps, à accepter un véritable suivi médico-social. En même temps, suivant un principe de “tolérance zéro”, elle découragerait la consommation de crack dans les quartiers aujourd’hui les plus affectés et permettrait de sanctuariser pour un temps le Nord-Est parisien.
Contre le crack, n’ayons aucune tolérance.
Données sur la densité de population et sur les commerces :